Homélie Pâques 3A

Il est fréquent d’entendre dire qu’à la messe le fidèle baptisé se nourrit à deux tables : celle de la parole de Dieu et celle de l’Eucharistie. L’Eglise l’affirme en effet.

Chacune de ces tables nous offre le Seigneur. Cependant il ne faut pas les croire équivalentes ou interchangeables.

Dans l’eucharistie, la communion, nous recevons le Seigneur substantiellement sous les apparences d’une nourriture terrestre. La présence du Seigneur dans l’eucharistie est la présence « par excellence » parce qu’elle est substantielle.

Saint Paul VI l’a affirmé clairement dans la lettre encyclique « Mystère de la foi » datée de 1965.

On ne peut pas attendre de la parole de Dieu ce que l’on attend de l’Eucharistie.

Et pourtant le Seigneur se rend présent à nous aussi par sa parole, une parole d’abord prononcée puis mise par écrit par la première génération apostolique. La parole reçue nous prépare à recevoir le Christ dans l’eucharistie.

Dans l’Evangile de ce troisième Dimanche de Pâques nous voyons deux hommes qui quittent Jérusalem après la crucifixion de Jésus qui, ressuscité, les rejoint. Tout en marchant avec eux, écrit saint Luc, il leur interpréta dans toute l’Ecriture ce qui le concernait.

Dieu a préparé la venue de Jésus en annonçant son incarnation, le sens de sa mission, qui est de nous sauver et enfin sa Résurrection, dans toute l’Ecriture vénérée d’abord par le peuple juif, ce que nous appelons « l’Ancien Testament ».

Puisque « Dès avant la fondation du monde Dieu avait désigné Jésus d’avance », selon la première épître de saint Pierre, il apparait normal qu’il ait annoncé sa personne et sa mission dans les Ecritures comme pour préparer les esprits et les cœurs à le recevoir.

Comme nous aimerions connaitre le détail de la catéchèse de Jésus ce jour-là pendant les quelques heures qu’a duré cette marche !

Il a peut-être cité le passage du psaume 15 où celui qui prie dit au Seigneur :

« Tu ne peux m’abandonner au pouvoir de la mort ni laisser ton fidèle voir la corruption ». (La corruption est la traduction-interprétation faite par les juifs de langue grecque sur l’hébreu original qui disait : voir la fosse)

Après cet épisode l’Eglise n’a jamais cessé de chercher dans l’Ancien Testament tout ce qui pouvait évoquer le Christ par avance. On en voit des exemples dans tout le Nouveau Testament. C’est particulièrement frappant dans le texte de saint Matthieu.

Les « Pères de l’Eglise » continuent à le faire. Saint Ambroise, évêque de Milan au 4ème siècle, par exemple, le fait largement dans ses Catéchèses baptismales, « Des sacrements et des mystères ».

Au terme de la marche Jésus reste avec eux et rompt le pain devant eux comme s’il voulait leur montrer que l’Ecriture Sainte nous conduit à la rencontre qu’est l’Eucharistie.

A ce moment, écrit saint Luc, leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent.

Jésus a voulu faire comprendre à son église que désormais il se donnera sous l’apparence du pain.

C’est dans la « présence réelle par excellence » que se réalise de façon éminente sa promesse de rester avec nous.

Cette présence est adorable et nous conduit normalement à témoigner de lui.

Reste avec nous seigneur et aide-nous à sentir ta présence dans ta parole et dans l’eucharistie que nous célébrons chaque jour jusqu’à ce que tu viennes. Amen